Vue du village à partir du belvédère

De grands travaux

En 1936,  le conseil de fabrique emprunte la somme de $2500 pour des "réparations" majeures à l’église paroissiale. Quelques mois plus tard, elles sont exécutées et sont particulièrement marquées par l’installation d’un nouveau système de chauffage, à air chaud.

Mort d’un « vaillant apôtre »


En 1937, le curé Pantaléon Tremblay, en mission dans un camp forestier de Price Brothers,  est rappelé à Dieu. " Dieu a arrêté ce vaillant apôtre "  a écrit un commis de la compagnie. Il est mort subitement en revenant du camp Cayouette, après y avoir célébré la messe, entendu les confessions et converti deux protestants. « C’est plaisant d’être avec le Bon Dieu » avait confié, M. Pantaléon, à quelques bûcherons au terme de sa messe.
Il fût remplacé par M. l’abbé Jean-Baptiste Savard qui assuma la fonction de pasteur de la paroisse, jusqu,en 1942. M. le curé Savard avait comparé Saint-Rose à un vrai « petit village alpin » ou la nature semble s’y reposer. »
 
 

L'abbé Jean-Baptiste Savard
 
 
En 1938, est mise en chantier l’écurie de la fabrique. Elle devait donner le gîte aux chevaux des paroissiens qui venaient de loin, les paysans de l'Anse du Milieu ne disposant plus de l’espace convenable pour les abriter tous.
 
En 1942, le 1er janvier, la municipalité de Sainte-Rose-du-Nord est créée. Sainte-Rose renonce alors à son vocable la Descente-des-Femmes. M. le curé Pantaléon Tremblay, raconte-t-on, n’y aurait pas été étranger. Il était, en effet, réputé ne pas particulièrement priser l’idée d’être le pasteur d’une localité dont l’appellation lui semblait peu « gracieuse » et de nature ambiguë.
 
En cette année de l’accession de Sainte-Rose au rang de municipalité, M. l’abbé Lorenzo Larouche devient le chef spirituel de la paroisse.
Il a été, dit-on, un « meneur d’âmes énergique ».
 
L’année suivante, sont exécutés des travaux d’agrandissement de la sacristie. Par ailleurs, la fabrique fait l’acquisition de l’emplacement ( 100 pieds sur 75) de son cimetière actuel; il y fut planté aussitôt une croix de cèdre, haute de 13 pieds et de 8 pouces de côté, façonnée par M. le curé Larouche, et avec du bois fourni par Ernest Girard, (à Joseph).
 
L’autre cimetière, qui était situé en retrait de la croisée du chemin de l’Anse d’en Bas, à l’endroit même où se trouve le « couvent », était devenu trop exigu. La dernière inhumation, celle du fromager Albert Villeneuve (à Thomas-Louis, à Louison), avait eu lieu le 31 mai de la même année. Le 1er août 1948, il est résolu de désaffecter l’ancien cimetière et de procéder, sans délai, à la translation des ossements dans le nouveau.
 
 

L'abbé Lorenzo Larouche
 
Le chantier coopératif.
 
M. l’abbé Lorenzo Larouche, le 21 mai 1944, avec le concours d’une douzaine de paroissiens, le Syndicat forestier de Sainte-Rose-du-Nord, qui, en 1967, devint le Chantier coopératif de l’U.C.C. de Sainte-Rose. Le Syndicat poursuit notamment les objectifs suivants : procurer de l’emploi à la population de la paroisse et assurer la commercialisation du bois selon les conditions pécuniaires les plus avantageuses pour les travailleurs forestiers de la coop.
Aujourd’hui, la coopérative des ouvriers de la forêt de Sainte-Rose est, pourrait-on dire, la plus grande industrie du village et emploi, en période de pointe, plus de 50 travailleurs auxquels elle verse, annuellement, $500 000 en salaires.

 
Depuis la fondation de la coop, le bois brut est principalement vendu à la Murdock Lumber et :a la Consol, successivement.
Une fois transformé en planches ou en colombages, le bois a été longtemps mis à bord des goélettes qui l’acheminaient vers Québec, pour transbordement, ou vers la Côte-Nord, région qui était alors en plein essor.
 
Une des dernières goélettes, qui a mouillée dans l’Anse du Milieu, fut la Jean-Yvan.
Ele a été construite à Petite-rivière-Saint-François, en 1958, et était d’une longueur de 83.5 pieds. Comme la plupart des goélettes québecoises, au passé glorieux, elle fut retirée du service de transport maritime et constitue, à présent, un satellite du Musée maritime à l’Islet-sur-mer.
 
En 1950, M. l’abbé Philippe Vincent remplace, comme pasteur, M. Lorenzo Larouche.
Mgr Georges Melançon, en mars 1951, autorise les religieuses de la communauté du Bon-Conseil à implanter, dans leur couvent de Sainte-Rose, un oratoire semi-public.

 Le 24 juin 1953, première messe, en l’église de Sainte-Rose-de-Lima, d’Antonio Villeneuve (à « petit » François, à François, à Louison) actuellement missionnaire au Japon. Appartenant à l’ordre des Rédemptoristes, il fut toutefois ordonné à Ottawa.
Et le 30 juin 1958, Garnier Villeneuve (à Antoine, à Geroges, à Louison), qui vient d’accéder à la prêtrise, célèbre, à Chicoutimi, sa première messe.
Pendant les années ‘’40 à ‘’60, rappelle-t-on, la communauté rurale de Sainte-Rose-de-Lima est florissante en organismes paroissiaux et pieux. On retrouve, en effet, la Ligue du Sacré-Cœur, la Confrérie du Saint-Rosaire, l’Apostolat de la prière et le Tiers-Ordre de Saint-François.
 

Père Antonio Villeneuve
 
 
Un élan nouveau
1955. Départ pour Oka de M. le curé Philippe Vincent. Arivée de M. Antonin Simard. Un petit ecclésiastique fait sur mesure pour la paroisse. Avec le renouveau liturgique, consécutif au concile Vatican 11 qui fit, entre autres, que l’autel devait désormais être tournée vers le peuple, l’abbé Antonin, dix ans après son arrivée, va changer le mobilier et les parements de l’église. Il allait, ce faisant, impressionner supérieurement ses ouailles.
 
   
 
Le St-Judes, 1958 Photo, Jean Maltais
Le Richelieu, Photo, Jean Maltais
M. Antonin Simard
Il eut donc l’idée d’utiliser le bois naturel dans le chœur en raison, disait-il, « du caractère forestier de notre paroisse ». Le mobilier, les parements et, plus tard, les soutènements, devaient épouser les contours de l’environnement.
Le bois, dans ses lignes les plus primitives, les plus  « sauvages », les plus hétéroclites, les plus désinvoltes parfois, mais les plus aimables aussi  prendra place dans le petit temple. Ce beau bois blond, duquel est née Sainte-Rose, celui qui, de tout temps, fut le gagne-pain de la population et qui, du reste, est au nombre des merveilles de la Création.
 
Ainsi, au milieu des années ‘’60, l’abbé Antonin Simard, qui n’était pourtant pas de stature athlétique, retrousse les manches, puis « sciotte » et hache en mains, s’en fut prospecter la forêt avoisinante ; à la recherche de la souche qui allait soutenir la table du Sacrifice. La bonne fortune lui sourit, si bien qu’il découvrit, déterra et arracha une imposante racine de cèdre (thuyas), à trois branches maîtresses, qui devait représenter la Sainte Trinité. Exactement ce qu’il voulait.
 
Le cèdre étant, par ailleurs, à l’image de la sagesse : essence au grain harmonieux et délicat, aux fibres souples et imperméables, et d’une incroyable résistance aux assauts, tenaces et insidieux, du temps.
 
 
 
Photo, Lise Gauthier
 
 
Aussi, tout commence le 17 juillet 1964. L’abbé Antonin célèbre, pour la première fois, la messe sur l’autel que ses mains ont façonnée. Ce fut lors du mariage de deux jeunes gens  de la paroisse; Jean-Eudes Potvin (à René) et Denise Villeneuve ( à Gaston, à « petit »François, à François, à Louison). Le reste du mobilier du chœur sera complété, quelques mois plus tard.
Le cèdre écorcé, puis lustré, deviendra ensuite qui  table de communion, qui lampe du sanctuaire, qui chaire, qui lutrin du lecteur, qui chandeliers, qui appui-livre, etc.…
M. le curé Simard, sera, par contre, satisfait de la préparation des tronçons d’arbres biseautés pour le Chemin de Croix, dont  les représentations de la Passion seront l’œuvre de Marie-France Lafond.
La « trouvaille » de M. l’abbé Antonin aura fait épargner, à la fabrique, des crédits appréciables, et rendu aussi, e lieu de culte, attrait touristique. En effet, le mobilier du chœur, excluant cependant la main-d’œuvre, n’aura coûté que $12,.80.
« L’abbé Simard, écrit un journaliste en 1967, n’est pas un athlète, mais il connaît bien la vie dure du bûcheron, métier qu’ont choisi la plupart de ses fidèles. Durant quatre ans, il seconda le vieux bedeau pour couper le bois de poêle de la fabrique ».
Ce pasteur, au regard à la fois timide et profond, aura donné à la communauté roseraine un nouvel élan, lui aura communiqué, par le verbe et par l’action, un enthousiasme créateur.Il quitte son poste, en 1969, pour aller « mener les âmes », de la paroisse jeannoise de Saint-Cœur-de-Marie. Depuis, quiconque à Sainte-Rose parle du pasteur-bûcheron ne le fait qu’avec émotion et, parfois, avec des nœuds dans la voix.
 
Les années 70
 
Une troupe de scouts, dans le cadre des Jours saints, transportent une croix, du village, jusqu’au cran, situé au nord, juste derrière le terrain de camping. Cette croix qu’ils auront ensuite plantée sur la cime, donnera à ce cran son nom (cran à la Croix). C’était au tournant des années ‘’60 et ‘’70.
 
Au curé Antonin Simard, succède donc Zygmunt Wozniak et ce, jusqu’en 1972. Puis M. l’abbé Philippe Fortin, natif de Baie-Saint-Paul, assume les fonctions de pasteur pendant les onze années qui suivent.
À M. le curé Fortin, féru de littérature et particulièrement de musique, le petit hameau doit ce délicat portrait, cet aimable trait de plume : « Sainte-Rose est une contrée des plus pittoresques, alliant promontoires les plus majestueux aux baies les plus savoureuses ».
 
En 1972, on décompte, à Sainte-Rose, une population de 493 habitants. Depuis les années ‘’60 notamment, la population ne s’accroît, péniblement, que de quelques âmes par année. En 1983, on en dénombre que 22 habitants de plus, pour 515 âmes. Quelques mariages à peine par année, et les  jeunes gens instruits qui gagnent la ville, en grand nombre.


Zygmunt Wozniak
 
Cette année 1972 fut particulièrement marquée par la première édition du Festival des artisans, qui eut lieu les 13, 14, 15 et 16 juillet, à l’occasion duquel fut béni et inauguré le terrain de camping La Descente-des-femmes.
 
Trois alpinistes, en juillet 1973, prennent le cran Carré d’assaut. L’arrête abrupte, haute de 410 pieds, est vaincue. Le chemin emprunté par les « intrépides », se nommera désormais « la métronome (1) ». Mais Sainte-Rose n’en avait pas moins ses habiles grimpeurs, qui avaient  déjà attaqué tous les crans et qui en connaissaient toutes les fissures. Ces « costauds » se nomment Florient et Vallier Girard (à Étienne, à Ernest, à Joseph,à Cléophe).
 
Enfin, pendant l’année 1973, se profile un projet de jumelage entre la municipalité de Sainte-Rose-du-Nord et Saint-Martin de l’Île de Ré, une localité française des Charentes-Maritimes (région de La Rochelle) dont la population était, à ce moment, de 1300 personnes. Cette île charantaise, dont les habitants vivent essentiellement de la pêche, voyait sa population  atteindre 30 000 en grande période touristique. Ce projet de donner à Sainte-Rose une dimension internationale formelle n’eut malheureusement pas de suite.
 
En 1975, Sainte-Rose compte 92 familles, et 513 citoyens et citoyennes; une petite scierie qui emploi une dizaine de personnes tandis  que l’usine de la Consol, tout à côté, à Saint-Fulgence, une centaine d’ouvriers; sans oublier l’industrie du meuble de cèdre de la famille Réal Grenon (à Émile, à Napoléon) qui a déjà son petit côté « glorieux », sa renommée dépassant largement, maintenant, les frontières de la région. À noter qu’en 1975, le budget de la municipalité se chiffre par $ 44 000.
 
Automne 81 : les abbés Benoît Potvin et Jacques Bouchard succèdent à M. Philippe Fortin. Ils demeurent en poste jusqu’à la fin de l’été 1982.
Au printemps de cette année, un artiste roserain peint sur une « ardoise » rocheuse, plantée près de la route, à quelques pas du village, une représentation de Marie.
(1) Parois d'escalade au Québec, Eugénie Lévesques et Jean Sylvain, Fédération québécoise de la montagne.
La documentation québécoise, Editeur officiel du Québec, 1978,p.56.
 
L'incendie
Le samedi soir, 22 mai 1982, aussitôt la messe terminée, c'est la catastrophe. Le temple roserain est la proie des flammes. Tout le village est frappé de stupeur. On accourt de partout. Le brasier est puissant. Tout le sanctuaire s'évanouit en fumée, se réduit en décombres.
Des gaillards, quelques uns au péril de leur vie, ont réussi à soustraire de l'incendie les meubles et ornements en souche et en loupe. Des citoyens, terrassés mais soudainement envahis d'optimiste, lancent : "Nous le reconstruirons"!

 
Le nouveau pasteur, M. l'abbé Hervé Duchesne, assisté du conseil de fabrique -- composé de Mmes Claudette Villeneuve-Girard et Cécile Beauchemin, MM. Jean-Charles Girard, Julien Grenon, Gaétan Côté et Magella Villeneuve -- mènera le projet de reconstruction à son accomplissement.
Ainsi, fut anéanti, en quelques heures, un lieu de culte et de rassemblement octogénaire où se sont élevées les plus belles prières, où se sont partagées les joies les plus intenses aux peines les plus accablantes, où les Roserains ont puisé la Sagesse, et où ont été célébrées les premières messes de deux fils "Villeneuve de la paroisse, naissant au Sacerdoce, Jules-Arthur (1933) et Antonio (1953).
 

L'abbé Jules-Arthur Villeneuve